Retenue parmi les vingt projets de la troisième révolution industrielle dans le Nord – Pas-de-Calais, l’éco-zone coudekerquoise sera présentée comme un « projet démonstrateur » lors de la grand-messe de l’économie lilloise. Pour les non-initiés, l’éco-zone est une friche sur laquelle sont installés de drôles de machines et des chalets. Les autres y voient un projet phare de la troisième révolution industrielle, une place forte de l’expérimentation verte et solidaire. La preuve, le 22 octobre, elle accueillera une journée du World Forum, la grand-messe de l’économie lilloise.

Une façon de boucler la boucle ? En quelque sorte. « La troisième révolution est née au World Forum », a souligné Philippe Vasseur, le président de la chambre régionale de commerce et d’industrie, qui visitera pour la première fois le site de l’éco-zone, lundi. Et l’économiste Jeremy Rifkin en personne a participé à l’élaboration du plan qui a abouti à la décision de la Région de retenir le projet coudekerquois.

L’éco-zone est située sur un terrain appartenant à la communauté urbaine de Dunkerque (CUD), dans la zone économique du Tonkin, côté route de Bourbourg. Cette année, elle a reçu 40 000 € de subventions. « 10 000 € de Coudekerque, 20 000 € de la CUD pour le fonctionnement et 10 000 autres pour l’investissement », chiffre David Bailleul, maire de Coudekerque-Branche et premier vice-président de la CUD en charge de l’Économie. En 2013, la ville avait mis la main à la poche à hauteur de 20 000 € et la CUD, 10 000 €. Une façon, selon Patrice Vergriete, président de la CUD, de « passer à l’attaque pour donner une vision d’avenir au territoire ».

Pour maintenir le cap et donner la possibilité d’avancer à l’association des Bâtisseurs d’économie solidaire, derrière l’éco-zone depuis le début, Philippe Vasseur compte sur l’épargne populaire, par exemple. D’où l’intérêt de mettre le site en avant, comme le 22 octobre. « C’est un projet économique, pédagogique et culturel, faisant appel à l’économie sociale et solidaire », résume-t-il. Pour lui, l’éco-zone doit être une réussite, « pour pouvoir dire aux autres : Vous voyez, ça marche » et produire un effet d’entraînement.

De son côté, Louis Monteyne, le président des Bâtisseurs d’économie solidaire, a l’art et la manière de doper un budget. Grâce à l’accueil, sur l’éco-zone, d’étudiants en DUT à l’ULCO, il arrive à investir deux euros pour un euro de subvention. « C’est grâce à l’AGEFA PME, l’organisme collecteur de la taxe d’apprentissage. » On vous l’avait dit : l’éco-zone, c’est aussi de l’économie solidaire.

 

Il s’y passe quoi, en fait ?

Depuis 2008, l’association Bâtisseurs d’économie solidaire (BES) convertit une friche industrielle en vitrine pédagogique du développement durable et de l’économie sociale et solidaire.

Le projet suit trois axes. L’économique est représenté par la société Bois environnement services, qui emploie six salariés. Ils élaguent et abattent des arbres, scient du bois, réalisent du mobilier urbain…

Le volet formation permet de plancher concrètement sur les énergies renouvelables. Par exemple, une éolienne a été installée, ainsi que cinq panneaux photovoltaïques, histoire de voir lequel est le mieux adapté au Dunkerquois, et un pyranomètre (pour mesurer l’intensité solaire). « Il y a aussi des pieux géothermiques. Ils prennent des mesures pour voir s’il est possible de pousser l’expérience plus loin… », précise Louis Monteyne, le président de BES. Un travail est également en cours autour de l’hydrogène. « Pas pour gonfler les zeppelins, hein ! En tant que combustible. » La formation passe aussi par un partenariat avec l’ULCO, dont des élèves étudient les relevés des équipements. Un projet, celui de la maison de l’« écolonomie », avec un parking d’auto-partage, pourrait permettre de vulgariser tout ce qui se passe sur l’éco-zone. D’informer sur les énergies vertes les citoyens lambda aussi.

Le troisième axe concerne l’environnement. Après une haie libre visant à favoriser la biodiversité, 750 arbustes, 25 arbres à tiges courtes, 40 saules têtards ont été plantés. «Nous voulons montrer que des alternatives existent, et former aux énergies renouvelables. »

 

Article de la Voix du nord du 14 octobre 2014

Photo : Agir pour l’avenir

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